Le festival Traverse Vidéo programme une séance de Western expérimental à la Cinémathèque de Toulouse, mercredi 25 octobre 2023 à 19h00. A cette occasion, deux de mes vidéos sont programmées : Color Shoot et mon recut d’après les films de Sam Peckinpah. Voir la programmation complète…
« Que peut l’expérimental ? Tout – ou presque –, rien ne l’empêchant d’investir un genre, celui longtemps triomphant sur tous les écrans du monde – ou presque : le western. Il le peut en s’appropriant ses topoï : cow-boys, paysages arides surmontés de leurs crêtes, saloons et corrals, duel, colt, train, menace permanente et plans d’ensemble ouverts aux chevauchées et aux confrontations en tous genres. Quant à la femme longtemps dédaignée, puis à la fonction stéréotypée, fragile et perdue ou prostituée au grand cœur, la séance en découvre le profil plus tardif, décidant de son sort grâce au duo antagoniste : la cow-girl au colt agité, cheffe de bande, et la tenancière, venue de Johnny Guitare de Nicholas Ray, et étrangement croisée avec l’Alice plus qu’inattendue de Disney. La séance réveille parallèlement le sous-texte, ce que sous-tend mais voulait refouler le western, fondateur du mythe américain pionnier civilisateur. Le désir homosexuel épanoui en images de cow-boys mexicains, en dessin sur film, ou celui de la frustration se démenant avec la figure de l’étalon rétif.
La séance se devait aussi d’inclure une trace du grand John Ford dont la filmographie condense l’histoire du genre, de la légitimation de la conquête au désenchantement ; dès 1924, Le Cheval de fer (The Iron Horse) exalte les débuts de l’épopée du rail. Le réalisateur le suit de l’âge d’or jusqu’à l’éclipse du genre, avant l’émergence d’autres approches, celle de Sergio Leone ajoutant ses motifs d’échelle de plans, remplaçant les grandes figures de l’Ouest par des anti-héros mal rasés, celle exacerbée de la violence d’un Peckinpah, fin des années 1960. Films réactivés par l’animation, le fil brodé, la colorisation, mais aussi par le footage, qui loin de la nostalgie sait aussi réveiller la recherche de la trace et de la mémoire, sait déconstruire le dessein du réalisateur premier ou inversement le chante en pellicule retrouvée. »
Simone Dompeyre, présidente et directrice artistique de Traverse Vidéo